Source : Trends-Tendances
Louer temporairement une chambre avec accès commun aux commodités pour un loyer mensuel de maximum 250 euros ? C’est possible ! Le concept développé par Monoma a déjà fait ses preuves en France et aux Pays-Bas et la société entend bien l’exporter en Belgique.
En avril dernier, Monoma débarquait sur le marché belge avec pour mission d’apporter une solution en matière de logement dans notre pays où, comme ailleurs en Europe, l’offre locative est au plus bas et pèse lourdement sur les portefeuilles. “Notre objectif est de résoudre un double problème, à savoir le vide locatif qui engendre pas mal de problèmes et la pénurie d’espaces abordables, tant pour vivre que pour travailler. Et cela en proposant aux propriétaires une reconversion temporaire de leurs biens momentanément vacants”, explique Mathias Germeau, directeur commercial de Monoma Belgique.
Un vivier d’un million de m2
Le manque de logements temporaires est particulièrement criant à Bruxelles, alors que près de 1 million de mètres carrés de bureaux sont vides. Monoma y voit un vivier intéressant qu’il est dommage de ne pas exploiter, tant il permettrait de régler de nombreux problèmes, notamment en matière d’accueil des réfugiés. Mais pas que… La demande pour ce type de logements provisoires est énorme, “preuve en est avec les projets développés en France et aux Pays-Bas où le taux d’occupation est de 95%”, indique Wouter Ommeslag, COO de Mosaic World, le groupe néerlandais qui chapeaute Monoma Belgique.
Les montants demandés sont de l’ordre de 200 à 250 euros, soit deux à trois moindres que les tarifs en vigueur sur le marché résidentiel.
Et le public est large : qu’il s’agisse de jeunes diplômés qui cherchent du travail et ne savent pas encore dans quelle ville ils vont s’installer, de jeunes couples, de célibataires qui doivent vivre avec un budget limité, de personnes qui viennent de se séparer ou d’artistes qui ont besoin d’un studio ou d’un atelier rapidement. Il faut dire que les montants demandés sont attractifs. “Ils sont de l’ordre de 200 à 250 euros, soit deux à trois moindres que les tarifs en vigueur sur le marché résidentiel”, poursuit Mathias Germeau. “Toutefois, nous ne louons pas à des familles avec enfants, car elles ont besoin de stabilité. Nous proposons des contrats d’occupation temporaire, donc précaires, et le délai de préavis est particulièrement court, à savoir 4 semaines “, précise Wouter Ommeslag.
Monoma vise des bâtiments privés ou publics de grande taille.
Si Monoma Belgique gère actuellement quelques petits projets en Flandre, à savoir le domaine de Bellenhof ou encore quelques maisons à Zele et Brasschaat, la société vise pour son développement belge des bâtiments privés ou publics de plus grande taille, tels des immeubles de bureaux, des hôtels, des hôpitaux ou des maisons de repos. “Idéalement, nous recherchons des bâtiments qui sont encore en ordre, souligne Wouter Ommeslag. Il y a toujours des travaux à réaliser de toute façon : il faut vérifier la détection d’incendie, l’installation électrique, assurer la sécurité des utilisateurs, etc. Si de gros investissements sont nécessaires, nous devons nous assurer de pouvoir bénéficier d’une période de 4 à 6 ans pour gérer le bâtiment. Il est impossible, financièrement, de faire gros investissements en sachant qu’il faut libérer le bâtiment endéans les deux ans par exemple.”
Un cadre légal inexistant en Belgique
Mais la mission de Monoma Belgique sera longue et laborieuse, car aucun cadre légal n’existe en la matière dans notre pays. “Pour modifier l’affectation d’un bâtiment, il faut un permis, cela prend du temps, fait remarquer Mathias Germeau. Par ailleurs, si un promoteur nous confie son immeuble de bureaux pour du logement temporaire, une fois la réaffectation obtenue, il n’y a plus moyen d’en changer.” Compliqué certes, mais le groupe néerlandais Mosaic World, aujourd’hui actif dans neuf pays européens via cinq marques marques (B-right, Monoma, NewNewNew, Plaza et Watchtower Solutions), a de l’expérience en la matière. En près de 30 ans d’existence, il a géré au total plus de 100.000 espaces dans plus de 10.000 projets communautaires.
L’exemple à suivre de la France et des Pays-Bas
Mosaic World est parvenu à faire bouger les lignes chez nos voisins. “Cela a pris des années avant que nous parvenions à un cadre légal fort, reconnaît le COO. Mais désormais aux Pays-Bas et en France, grâce à la leegstandwet et la loi Elan, les cadres juridiques permettent sous certaines conditions de déroger temporairement aux lois d’urbanisme et en particulier à la reconversion des bâtiments. Ces expériences nous donnent confiance et nous sommes persuadés qu’elles vont inspirer les politiques en Belgique aussi.”
D’où l’appel de Monoma aux Régions qui sont compétentes en matière d’urbanisme, afin de permettre ce changement temporaire rapide d’affectation chez nous. “Ce serait un pas énorme, mais aussi parfaitement réaliste et réalisable, pour en finir avec des situations humainement dégradantes comme celle que connaissent les réfugiés qui squattent le bâtiment de la rue des Palais à Schaerbeek, et pour s’attaquer à la crise du logement, qui dure depuis des années”, conclut Mathias Germeau.