
Monoma veut reconvertir temporairement des espaces vides pour procurer des logements et/ou des espaces de travail à prix réduits, afin de répondre à une forte demande.
PAOLO LEONARDI
Que faire des espaces vacants, que ce soit des immeubles de bureaux, des commerces ou des logements ? Monoma a sa petite idée. Modern Nomad Living est un nouvel acteur immobilier qui fait partie de Mosaic World, groupe qui a été fondé sous le nom de Camelot aux Pays-Bas en 1993 et qui propose, à travers quatre marques, diverses solutions de logement et de travail temporaires. En près de 30 ans, elle est devenue une entreprise de 250 employés répartis entre 13 bureaux dans neuf pays. Au total, elle a géré plus de 100.000 espaces dans plus de 10.000 projets communautaires.
Rien qu’en espaces de bureaux, Bruxelles dispose d’un patrimoine d’un million de mètres carrés vacants. Monoma, qui est déjà implantée en Espagne, en France, en Allemagne, au Danemark, en Finlande, en Irlande et, bien sûr, aux Pays-Bas, annonce officiellement son installation en Belgique. L’entreprise veut pouvoir procurer des logements ou des espaces de travail dans des bâtiments vides à des prix abordables.
« Il y a une forte demande pour des espaces de ce genre », expliquent de concert Wouter Ommeslag et Mathias Germeau, respectivement directeur des opérations chez Mosaic World et directeur commercial Belgique chez Monoma. « Moyennant quelques investissements légers, nous reconvertissons temporairement des bâtiments comme des bureaux, des hôtels, des hôpitaux, des gares, des maisons de repos. Nous veillons à être aux normes en matière de sécurité incendie, de gaz, d’électricité ou encore de plan d’évacuation. Tout est passé au crible chaque mois par des inspecteurs spécialisés. »
L’exemple d’Amersfoort
Si, dans d’autres pays, la législation en place permet ce genre de reconversions temporaires, ce n’est pas (encore) le cas en Belgique. « Nous lançons un appel aux différents gouvernements du pays pour qu’ils instaurent un cadre légal, avec des droits et des obligations clairs, pour que notre action soit facilitée », explique Mathias Germeau. « Nous avons par exemple une liste de 200 artistes qui nous demandent des espaces pour travailler. Nous venons tout juste d’entamer des contacts avec des communes bruxelloises, mais il faudra du temps pour aboutir à quelque chose de concret. Nous voulons rester optimistes. Il faut bien commencer quelque part… »
Aux Pays-Bas, Monoma génère un chiffre d’affaires de plus de 4 millions d’euros (2021) et loge plus de 2.000 réfugiés ukrainiens, 600 locataires et possède environ 150 espaces de travail où l’on peut venir travailler à plusieurs. « A Amersfoort, nous gérons par exemple un bâtiment de bureaux de 4.000 m2 que nous avons transformé en 120 logements. La durée de notre gestion s’étale sur six ans. Nous y abritons 129 habitants, 69 jeunes “starters”, 40 réfugiés et 20 sans-abri. Une inauguration a été organisée pour présenter tout le monde, et ça fonctionne très bien. Nos clients sont souvent des jeunes qui sortent de leurs études et qui n’ont pas beaucoup d’argent, mais nous avons aussi des divorcés, des célibataires ou des gens vic- times d’un incendie qui ont un besoin urgent de se loger. »

un bâtiment de bureaux inoccupé, Monoma abrite 129 personnes
de manière temporaire.
Chez Monoma, on insiste sur le bénéfice que peuvent tirer d’occupations temporaires les propriétaires de bâtiments vides. « Nous leur payons une redevance qui oscille entre 150 et 300 euros par mois et leur bâtiment est occupé, chauffé et entretenu en attendant qu’ils trouvent un acheteur ou qu’ils obtiennent leur permis pour être rénovés », expose Mathias Germeau. « Dans une commune proche d’Helsinki, nous logeons ainsi 101 personnes, dont plu- sieurs travailleurs estoniens, dans un bâtiment qui ne sera rénové que dans dix ans… La durée de nos contrats avec nos clients varie entre 6 et 18 mois, mais cela change fortement en fonction des pays. »
Monoma, dont le siège social se situe à Eindhoven, croise donc les doigts pour pouvoir s’implanter et s’étendre en Belgique. « Il existe une jurisprudence en Belgique, mais elle est insuffisante », concluent nos deux représentants.
« Des contacts discrets ont été pris avec le gouvernement flamand, mais même s’il y a clairement de l’intérêt pour notre démarche, les choses ne bougent pas encore vraiment. Nous invitons les politiciens à venir voir comment fonctionne notre modèle aux Pays-Bas, où nous logeons quand même plus d’un millier de personnes. Il doit y avoir une place pour nous en Belgique, car, on le répète, la demande de logements ou d’espaces de travail bon marché explose… »